278 le 17 octobre, à la Radiodiffusion française qu'il avait illustrée de sa parole érudite pendant des années. M. Roger Lutigneaux, directeur des Émissions culturelles, parla d'abord de l'ami, dans une brève allocution introductive. Et en effet, le mot ami pris dans son vrai sens se présente tout d'abord à l'esprit quand on pense à Maxime Leroy et au cercle d'amitié qui se formait autour de lui. Roger Lutigneaux parla « de l'homme incomparable qu'il fut et de l'ami que nul autre ne pourra remplacer ». Il l'avait connu par Paul Crouzet, « auteur de cette Grammaire latine et de cette Grammaire grecque avec lesquelles tant d'élèves, depuis plus d'un demi-siècle, ont fait leurs humanités ». Peu après, Maxime Leroy entrait à l'Institut de France, « mais l'âge n'avait pas eu raison de sa magnifique jeunesse ... , et il me pressait de l'employer à m'aider, à rédiger des lettres, à faire des courses» ... ~- APRÈS ROGER LUTIGNEAUX,ce fut un ami d'enfance du défunt, Fernand Gregh, son condisciple au lycée de Vanves (devenu lycée Michelet) à l'âge de huit ans, qui évoqua l'écolier avec « sa figure douce sous des cheveux épais », , . . . . . , avec << ce ser1eux que corr1gea1ent sa v1vac1te d'esprit et un charmant sourire », un sérieux qu'il a gardé « à travers toutes ses études au lycée, puis à la Sorbonne, puis à l'École de Droit, et enfin dans la magistrature qu'il a longte1nps exercée et qui assurait honorablement sa vie matérielle ». Tout naturellement, l'académicien tint à dire le bien qu'il pense àe Maxime Leroy saintebeuvien le plus érudit et le plus éclairé : « Son livre sur la politique cle Sainte-Beuve est magistral. Il montre en cet homme qui a découragé ses meilleurs amis par ses apparentes volte-face un libéral profond, ayant le sens de l'ordre dans la passion de la liberté, ce qui est une assez belle définition. Il aurait d'ailleurs pu se définir ainsi lui-même. Il était l'un des derniers représentants de cette génération élevée dans les lycées de la Troisième République où la science n'avait pas encore pris la primauté nécessaire, et où les lettres formaient sans esprit de spécialité des esprits _naturellement ouverts aux idées et qui continuaient la tradition la plus française, celle d'un généreux et large humanisme. « La publication des œuvres de Sainte-Beuve dans l'édition de la Pléiade; conclut M. Fernand Gregh, est un monument qui fait à Maxime Leroy le plus grand honneur. De cet esprit complexe ondoyant et varié de Sainte-Beuve BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL et de sa vie publique et privée, celle-ci parfois assez mystérieuse, il a tout su, et il en éclaire tout par des notes qui font de ces volumes des modèles de critique historique et littéraire. » 11 revenait à M. André I thier, avocat général à la Cour de Cassation, d'exalter le juriste : « Ce n'est pas seulement la justice en soi dont Maxime Leroy avait la nostalgie, mais encore la justice qui s'applique aux faits, celle qui, autrefois, était rendue sous un chêne. C'est ainsi qu'il a été impérieusement attiré vers une activité judiciaire dont le ressort premier est l'équité. » Autrement dit, Maxime Leroy devint juge de paix à une époque où ce magistrat, seul en France, « avait le droit de juger sans s'attacher au texte de la loi - en quelque sorte maître après ? Dieu en son prétoire». 11 assuma cette charge pendant trente-cinq ans, à Paris et en banlieue, après la publication retentissante d'une lettre que lui avait inspirée la sentence du président Magnaud, « le bon Juge » fameux à l'époque. « Juge de paix à Paris alors que Joubert s'était contenté de Montignac, quel merveilleux poste d'écoute pour celui qui se disait modestement observateur social », poursuivit M. Ithier qui, avec raison, fit allusion à certaines anecdotes de prétoire que Maxime Leroy se plaisait à raconter, et qu'il faut avoir entendues pour approuver en parfaite connaissance de cause M. Ithier quand celui-ci loue notre ami qui mettait au service de ses administrés, cc-en même temps que son savoir, les mouvements d'une grande â1ne », sachant éviter de nombreux procès, « insensible aux habiletés du pharisien, mais attentif à la faiblesse de l'ignorant qui n'a d'autre argument que l'innocence de son cœur ». M. Ithier rappela le labeur du juge de paix pendant les années tragiques, de 1914 à 1918. Maxime Leroy « est prodigue non seulement de son temps et de son travail, mais aussi d'une· certaine chaleur humai11e, celle qu'on retrouve dans tout son comportement et dans toute son œuvre ». « Animateur, Maxime Leroy l'a été parmi ses collègues, comme auprès de ses élèves de la rue Saint-Guillaume ou pour les convives du célèbre dîner. C'est pourquoi il fut amené à présider la Conférence des Juges de Paix de Paris et de la Seine. » M. I thier l'y a bien connu dans l"e' xercice de ce rôle, ce qui lui permet d'esquisser en quelques lignes ces traits , . . caracter1st1ques : ccUniversitaire né, son propos comme l'expression de son regard avait quelque chose de socratique ; l'intelligence de son raisonnement, tempérée par une ironie bienveillante, était irrésistible. Je le vis entouré de la sympathie défé-
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