Le Contrat Social - anno I - n. 5 - novembre 1957

rev11elzistorique et critique Jes faits et Jes idées. NOVEMBRE 1957 Vol. 1, N° 5 IN MEMORIAM : MAXIME AXIME LEROY est mort dans la nuit du 15 au 16 septembre, après une courte maladie, à la surprise et à la consternation prof ondes de ses nombreux amis qui n'avaient pu imaginer une fin aussi soudaine. Malgré ses quatre-vingt-quatre ans, il avait travaillé jusqu'au bout à son Histoire des idées sociales· en France, dont trois forts volumes ont paru, et à l'édition critique des Œuvres de Sainte-Beuve, en cours de publication dans la collection dite de la Pléiade. En même temps, il écrivait pour « L'heure de culture française», émission radiophonique, des pages régionalistes, après avoir donné à ces émissions des causeries très écoutées sur Sainte-Beuve et sur les réformateurs sociaux du dernier siècle. Enfin, il n'a cessé d'animer de sa présence et de son rayonnement un cercle d'amis fidèles, qui se réunissait tous les mercredis, et des agapes périodiques où tant d'éminentes personnalités ont pris part à ses côtés pour lui témoigner leur sympathie et parler des problèmes de notre temps. Brusquement, tout cela n'est plus : un cerveau si brillant a cessé de penser, un cœur si sensible a cessé de battre. Les « mercredistes » du Port-Royal de l'amitié, expression de Maxime Leroy, sont en deuil pour toujours. Ils ont perdu en quelques années Paul Crouzet, Michel Augé-Laribé, Georges Guy-Grand, et voilà que Maxime Leroy les quitte, suivi à peu de jours par Jules L. Puech, son ami, le biographe de Flora Tristan, décédé dans son village du Tarn avant d'avoir pu écrire la nécrologie de Guy-Grand et sans avoir su la mort de Maxime Leroy. 11 convient d'associer BibliotecaGinoBianco LEROY ces hommes d'élite dans un même souvenir. Du petit groupe des Amis de Proudhon qui avait entrepris, sous la direction de Camille Bouglé et d'Henri Moysset, la réédition des œuvres complètes de P. J. Proudhon, où après Roger Picard et Aimé Berthod ont participé Maxime Leroy, Augé-Laribé, Guy-Grand et Jules L. Puech, il ne reste plus que Daniel Halévy, qui a pris une autre voie que celle des « mercredistes », et Armand Cuvillier, qui en suit encore une différente. Les derniers proudhoniens ne laissent pas de descendance intellectuelle. lvlAXIMELEROY,né à Paris le 28 mars 1873, se sentait tout particulièrement attaché à l'Alsace, pays natal de sa mère. Il aimait passer chaque année un mois d'été à Saverne où l'attendaient des amis très chers. Ce qu'il entendait par des « circonstances particulières à l'auteur » l'avait incité à écrire un livre : L'Alsace et la Lorraine, porte de France et porte d'Allemagne, paru en 1914 à la veille de la guerre, et le juriste qu'il était consacra un autre livre, vers la fin de la guerre, au Statut des Alsaciens-Lorrains ( 1917). Ayant fait son droit à Nancy, l'affaire Dreyfus lui inspira une orientation définitive dans l'action civique pour la justice. Ainsi commençait sa noble carrière de magistrat, de philosophe politique, de sociologue, d'historien, de professeur, de moraliste. Un hommage collectif a été rendu à la mémoire de Maxime Leroy par quelques amis procl1es,

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