- • L' eXpérience • communiste . . • • RATIONALISATION ET '' DÉGEL '' par Gregory Grossman Une réorganisation sans précédent des cadres économico-administratifs est en cours dans l'Union soviétique. Le 7 mai, une session du Soviet Suprême a eu lieu pour entendre un rapport de N. Khrouchtchev et entériner des « thèses » signées par ce dernier, c'est-à-dire pour approuver les intentions du Praesidium du Parti dont le premier secrétaire est l'interprète. Les réformes décidées consistent principalement à supprimer un grand nombre de ministères économiques et à créer des conseils économiques régionaux qui veilleront désormais à la mise en œuvre des directives du Gosplan, organe central de la conception et de l'impulsion économiques soumis aux directives du Praesidium du Parti. Il ne s'agit pas simplement de .,, décentralisation, comme on a tendance à le croire hors de l'URSS, mais plus précisément de décentralisation dans l'exécution sous un centralisme immuable. L'espoir des dirigeants est évidemment de décongestionner l'administration technicienne qui siège dans 0 N ne saurait nier que le climat politique du monde soviétique se soit sensiblement modifié depuis la mort de Staline. L'URSS a connu divers mouvements de libéralisation, les pays satellites ont été secoués par la révolte, tandis que sur l'horizon international alternaient nuages et éclaircies. Les effets du nouveau climat n'ont pas été uniquement bénéfiques sur l'économie soviétique ; celle-ci a même été mise à dure épreuve; mais on aurait tort de voir dans les récents événements politiques la cause principale ou prochaine de tous les problèmes qui se posent actuellement sur le plan économique. Dans bien des cas, le dégel de la période post-stalinienne a seulement fait apparaître au grand jour une situation que le silence forcé n'avait nullement empêché d'empi- . rer des années durant. Biblioteca Gino Bianco • la capitale, de réduire sensiblement une bureaucratie pléthorique et parasitaire pour fournir des effectifs supplémentaires à la production, d'obtenir par ces nouveaux moyens à de moindres frais un meilleur rendement industriel et agricole. Cet aveu implicite du mauvais état de l'économie soviétique avait été, depuis la mort de Staline, précédé de diverses mesures réformatrices à la fois dans l'ordre politique et dans celui de la rationalisation, mesures qui tendaient toutes à améliorer la productivité, donc le niveau de vie et les conditions de travail. Il faut croire que ces palliatifs n'ont pas répondu à l'attente du gouvernement puisqu'il a fallu décidément remanier de fond en comble l'« appareil» économique. L'article de G. Grossman analyse l'état des choses à la veille de cette refonte dont nul ne saurait encore prévoir les conséquences, mais qui ménage sans doute aux communistes de nouveaux mécomptes en multipliant dans la périphérie le fonctionnariat éloigné du centre. Les vieilles méthodes bureaucratiques à présent profondément ancrées dans les mœurs, sont devenues autant d'entraves au progrès économique de l'URSS. L'extrême centralisation de la planification et du pouvoir, la réduction du rôle du marché à sa plus simple expression, la contrainte étouffante exercée sur les paysans, le mépris systématique des intérêts du consommateur, l'institution du travail forcé, le rythme forcené imposé d'en haut à tous les échelons - tout cela s'accordait bien avec le climat politique du stalinisme et en faisait même partie intégrante. Dans une large mesure, ces pratiques ont toujours cours, accompagnées de leurs corollaires inévitables : bureaucratisation excessive dans tous les domaines d'activité, peur des responsabilités et par conséquent des initiatives, indifférence aux considérations de •
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