156 de leurs divers partis. Enfin elle montre en quoi les gens se trompent, ou comment ils dupent le monde, lorsqu'ils présentent comme un nationalisme arabe ce qui en vérité n'est que réaction arabo-musulmane. Il est en effet gênant, en ce x.xe siècle, d'avouer des projets de restauration politico-religieuse de type moyenâgeux ; il paraît parfois habile de les déguiser sous des prétextes nationalistes, plus à la mode. Le panarabisme n'est rien d'autre que ce déguisement. DEPUIS quarante ans environ, et plus que jamais depuis quelques années, il est question de renaissance arabe, d'États arabes, de Ligue Arabe, et même d'une Nation Arabe - en quelque sorte . une et .indivisible, de l'Atlantique à l'océan Indien, comme on se plaît à le répéter sans cesse, au Caire et ailleurs. Que s'est-il donc produit de nouveau, de grand, de révolutionnaire, pour justifier ces termes sonores ? Arabisation spontanée, consolidation sociale, économique, politique, culturelle autour d'une classe, d'une industrie, d'un empire, d'un idéal authentiquement arabes ? Le seul verbiage à la radio, dans la presse, aux Nations Unies, dans les foires et places publiques du monde contemporain a-t-il suffi à créer ce miracle? Serait-il attribuable à l' endoctrination dans les écoles primaires ou soi-disant supérieures, en des pays où l'instruction la plus élémentaire n'en est encore qu'à ses débuts? ) • · BibliotecaGinoBianco LE CONTRAT SOCIAL Peut-on admettre déjà que la méfiance du fellah et du Levantin pour le Bédouin inculte et pillard se soit soudainement dissipée? · Ou que les maîtres et tyrans des uns et des autres, ces dirigeants musulmans de tout poil, hérités d'un long passé de décadence ottomane, se soient tous réveillés un beau matin avec la révélation d'être de purs Arabes? Croira-t-on que le particularisme séculaire des communautés, sectes et castes - musulmanes, chrétiennes, juives et autres - ait enfin disparu? Que les groupements anciens et nouveaux, les débris d'antiques nations, les tribus et les pays, les nationalités. naissantes ou renaissantes - des Chleuhs et des Kabyles aux Druses et aux Kurdes, et des Coptes aux Maronites, aux Assyriens, aux Arméniens, en passant par l'Algérie et l'Égypte, par Israël et le Liban - aient tous renoncé à leurs intérêts régionaux, à leur identité, à leur vie même, évidemment incompatibles avec une unification arabe? Rien de tel. Il y a eu d'abord intervention de l'Europe, mise en scène britannique ; puis complaisances françaises, ingérence et incompétence anglo-américaine, infiltration communiste, manœuvre soviétique ; enfin et surtout, retour de flamme et soudaine explosion d'une barbarie arabo-musulmane qui était seulement assoupie. Le panarabisme, forme moderne ·de cette barbarie, n'est pas national ni même nationaliste. C'est un camouflage, un mythe ambigu et d'autant plus dangereux, masquant au présent comme au passé les forces et tendances qu'il importerait de connaître. A. G. HORON ,
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