Le Contrat Social - anno I - n. 3 - luglio 1957

LE PANARABISME par A. G. Le mythe récent du «panarabisme» semble accepté sans examen critique par une opinion publique abusée, mais jusqu'à présent n'a fait l'objet d'aucune étude sérieuse qui corresponde à l'importance de la question. L'ouvrage à paraître de notre collaborateur A. G. Horon, traitant de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient, situant le «panarabisme» dans le monde méditerranéen, esquissant à grands traits le fond historique « avant et après l'islam », cet ouvrage répondra à un besoin réel de notre temps. On en lira ci-après le chapitre premier dont le titre provisoire serait « Revendications panarabes en Afrique et en Orient ». LE PANARABISME - comme le panislamisme avec lequel on le confond ou avec lequel il se confond bien souvent - est un nouveau venu. Le mot et la cI?-osene prennent de signification que de notre temps, depuis la première guerre mondiale et surtout avec la deuxième. Notion de politique et de diplomatie contemporaines, calquée sur des concepts européens du x1xe siècle (pangermanisme, panslavisme, etc.), le panarabisme a été importé du dehors, sous nos yeux, dans les pays arabes ou supposés tels. Phénomène d'abord étranger aux peuples dont il était censé traduire les aspirations, le mouvement panarabe avait été inspiré, à l'origine, par cértaines grandes puissances ; encouragé, imposé par les unes, toléré, manipulé par les autres, il était devenu un instrument essentiel de l'hégémonie britannique, puis anglo-américaine, au Proche-Orient et en Méditerranée, avant de tomber aux mains des régimes musulmans qui maintenant se disent arabes en proclamant Biblioteca Gino Bianco Horon désormais le panarabisme comme leur credo officiel ; credo qui est aussi la thèse, ou le prétexte, dont se couvre le communisme dans sa pénétration en Asie occidentale et en Afrique. Il serait donc futile d'en expliquer la nature et le fonctionnement par la seule histoire des peuples de langue arabe. Les vrais ressorts du panarabisme sont ailleurs : dans les images, ou mirages, de l'érudition européenne du x1xe siècle, dans les réalités si complexes de la politique mondiale au xxe, dans les propagandes déchaînées de la guerre froide ou paix précaire où nous vivons. Il est cependant nécessaire de s'adresser au passé et au présent des pays que l'effort panarabe voudrait grouper, voire unifier - ne fût-ce que pour comprendre ce qu'il n'est pas et prétend être, puisque les prétentions du panarabisme (reconnues, au moins en principe, internationalement) en constituent la pointe dont les divers impérialismes, notamment celui du nouvel « axe » soviéto-égyptien, se servent aux fins d'intimidation, d'infiltration, de subversion : fins qui menacent aujourd'hui l'ensemble du monde méditerranéen, et avec lui l'humanité . ' ent1ere. * '1- '1LE PANARABISMEproclame la solidarité de nations arabes, voire d'une nation arabe, et suppose au moins leur existence. Hypothèse acceptée souvent sans discussion ; mais comment résiste-t-elle à l'examen critique? Que sont les Arabes? A quoi s'applique légitimement l'adjectif «arabe»? Questions préliminaires, trop négli-

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