Le Contrat Social - anno I - n. 2 - maggio 1957

SOVIET/CA Khrouchtchev a longuement parlé de ces aspects du stalinisme des dernières années. Certains de ses propos sont traduits dans une version officielle à l'usage de la population soviétique par la résolution du Comité central adoptée le 30 juin, et qui constitue la « ligne >> officielle de défense contre les critiques émises par P. Togliatti* et autres. On connaît les principaux arguments présentés par la « Direction collective » : il a fallu suivre Staline parce qu'on ne pouvait alors faire autrement; il avait obtenu d'abord l'appui des autres dirigeants du Parti à sa politique, et par la suite il put s'en passer en supprimant la démocratie intérieure. Ce qui permit à divers scélérats tels que Béria de se livrer à des machinations criminelles. Staline avait gagné la confiance du « peuple » qui n'aurait pas compris sa destitution. Il serait faux néanmoins de prétendre que le stalinisme s'explique par la structure même de la société soviétique. Il ne s'agissait que d'une phase aberrante, dont la répétition est impossible maintenant que le Parti est .revenu à la « ligne » de Lénine, etc. Cette version pleine de contradictions est sans cesse reprise avec des variantes dans toute la presse soviétique, mais on n'y trouve pas la moindre réponse aux questions les plus pertinentes soulevées par Togliatti et tels autres communistes étrangers moins en vue. Silence complet, notamment, sur 1 a bureaucratisation du Parti, phénomène dont • Nuovi Argomenti, Rome, 16 juin 1956. L'Unita, Rome, 17 juin 1956. Documentation française, Paris, Articles et Documents, n° 0.074, 26 juin 1956. BibliotecaGinoBianco • 121 s'inquiétait déjà Lénine dans ses derniers écrits, et qui n'est pas sans rapport avec l'instauration d'un pouvoir personnel. Mais il semble bien qu'à Moscou le sujet soit toujours considéré comme dangereux. IL est probable que les événements de Pologne et de Hongrie survenus dans le dernier trimestre de l'année 1956 auront une forte influence sur la rédaction du nouveau manuel d'histoire du Parti. En mettant le Précis au pilon et en décidant de lui substituer une nouvelle version, les dirigeants communistes n'avaient nul souci de vérité historique, mais seulement d'utilité politique. Aux falsifications favorables à Staline vont donc succéder des falsifications· utiles aux épigones, lesquels ont changé plusieurs fois d'avis à cet égard depuis la mort de Staline et, sans nul doute, ont rectifié leurs vues pratiques après les velléités d'indépeadance manifestées par les peuples des pays satellites. Les rédacteurs de l' Histoire du Parti ont dû recevoir des consignes successives et contradictoires au cours de leur travail, comme ceux de la Grande Encyclopédie Soviétique qui n'ont pas encore pu terminer la biographie de Staline pour le tome 40 alors que le tome 45 est déjà en vente. On sait qu'à Moscou, sous le régime pseudo-communiste, il n'est pas rare de voir modifier des articles de dictionnaires ou d'encyclopédies pendant l'impression et de voir retirer de la circulation des livres tenus pour classiques la veille encore. S. S. r

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