Le Contrat Social - anno I - n. 2 - maggio 1957

- 120 provisoire. «Oubliant» l'aveu de Staline lui-même en 1924,. le Précis a donné de cet épisode une version mensongère où Staline et Lénine sont alliés contre les autres dirigeants du Parti. Désormais on cite les détails du débat au Comité central, et le lecteur apprend que Zinoviev (exécuté en 1936) approuvait l'attitude intransigeante de Lénine, tandis que Kamenev (exécuté aussi en 1936) s'alliait à Staline pour combattre la thèse de Lénine qui conduisit au coup d'État d'octobre 1917. 4. L'année 1923 La publication dans le Communiste (n° 9, 1956) du « Testament de Lénine» et d'autres documents naguère dissimulés porte un coup particulièrement sensible aux tenants du culte stalinien. Sont désormais reconnus : les mauvais rapports personnels de Staline avec la femme de Lénine, puis avec Lénine mourant ; la responsabilité de Staline, partagée avec Dzerjinski et Ordjonikidzé, dans la répression cruelle des tendances particularistes parmi les communistes de Géorgie ; et su-rtout la préférence que manifestait Lénine pour d'autres dirigeants, y compris Trotski. La publication de ces documents a coïncidé avec celle d'un article dans Questions d'Histoire (n° 3, 1956) exigeant une nouvelle histoire de la guerre civile et réhabilitant des chefs militaires tels que Blücher, Iégorov; Gamarnik et S. S. l{amenev. Ces personnages, et d'autres comme Unschlicht, que l'auteur non1me également, ont péri lors de la grande épuration de 1936-1938 pour des raisons demeurées obscures. On laisse entendre que leur· ' rôle véritable sera mieux connu grâce à l'étude de· documents restés jusqu'ici secrets et des comptes rendus de congrès du Parti devenus introuvables. 5. La période 1924-1935 Ce thème présente des difficultés particulières aux dirigeants actuels, pour qui Staline a eu raison en général (collectivisation de l'agriculture, industrialisation forcée, « socialisme dans un seul pays»), son seul tort ayant été de préparer subrepticement, vers la fin de cette période, son pouvoir personnel. Staline aurait également eu raison de combattre les oppositions de «gauche » et de « droite », mais non de supprimer dans le Parti la prétendue démocratie intérieure, au profit de sa dictature personnelle. Donc, dans l'ensemble, ses mérites ont largement compensé ses «erreurs », et rien ne laisse supposer que · les adversaires de Staline eussent de bons motifs pour s'opposer à sa politique. La fable suivant laquelle Trotski se serait élevé contre l'industrialisation rapide n'est pas encore démentie. Les «léninistes» actuellement au pouvoir s'attribuent le mérite d'avoir contribué aux dites « réalisations »et n'ont évidemment pas l'intention de permettre à cet égard la moindre critique rétrospective. Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL 6. L'épuration et l'approche de la guerre (1936-1.941) Au début de cette période, Staline poursuivait encore la « lutte pour l'unité du Parti » contre des groupes « anti-léninistes » tels que les trotskistes, représent~t les intérêts des anciennes classes. d'exploiteurs et de la petite bourgeoisie (Questions d'Histoire, n° 3, 1956) ; mais il serait désormais « trop sommaire » de les considérer comme des agents d'espionnage. Ici, la principale critique adressée à Staline vise la thèse «erronée » sur l'intensification de la iutte des classes, présentée au Comité central en mars 1937, pour justifier la terreur dirigée contre les membres du Parti. Staline fut également coupable d'avoir «liquidé» un grand nombre de vieux communistes dont la loyauté personnelle et politique ne faisait aucun doute. Enfin, on laisse entendre qu'il eut été possible de se débarrasser des véritables opposants d'une façon moins · spectaculaire. Rien n'indique cependant qu'on soit disposé à reconnaître le caractère entièrement frauduleux des grands procès de Moscou de 1936-1938. 7. Les années de guerre (1941-1945) La version actuelle des événements militaires est un peu moins malhonnête que la précédente. Il y a des références explicites aux défaites subies. au début des hostilités et même à la « situation générale désespérée » d'alors ( Questions d'Histoire,. n° 5, 1956). On reconnaît en même temps, à contrecœur semble-t-il, la réalité de l'aide des Alliés. et l'on cherche indiscutablement à réduire le rôle de Staline. Contrairement à certains publicistes occidentaux comme M. Deutscher, les auteurs soviétiques actuels font preuve d'un certain réalisme. L'autorité de Staline se serait affaiblie au· cours de la guerre, ce qui aurait permis à d'autres dirigeants d'u Parti d'assumer de plus larges responsabilités - version sur laquelle insistait le Comité central dans sa résolution du 30 juin 1956. 8. L'après-guerre (1945-1953) De même que la période des hostilités, celle-ci ne figure pas dans le Précis, ce qui ·ne rend pas nécessaire de récrire l'histoire. Mais cette période fut celle d'une recrudescence de la terreur, marquée par l' « affaire de Léningrad », le « complot des médecins » et la déportation des minorités nationales*. Dans son discours secret au xxe Congrès, • Un décret adopté en janvier et publié en février permet aux survivants de ces déportations de rentrer dans leur pays d'origine. ·

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