SOVIETICA mique dite révisionniste du début du siècle. Le principal bénéficiaire en est Plékhanov, dont <c le rôle a été sous-estimé au cours des dernières années » (Questions d'Histoire, n° 3, 1956) et qui redevient le «père » du marxisme et de la socialdémocratie russes, dont il fut incontestablement le promoteur durant les années 1880-1890; Lénine le tenait en haute estime *. ( On sait que Plékhanov, après avoir oscillé entre menchéviks et bolchéviks prit résolument parti contre Lénine et les bolchévik~ dès leur coup d'État de 1917.) On constate également un changement, léger mais appréciable, d'attitude à l'égard des menchéviks et des socialistes-révolutionnaires, partis socialistes rivaux des bolchéviks durant la période pré-révolutionnaire. Le~ menchéviks ne sont plus traités d'ennemis de la classe ouvrière, mais seulement d'opportunistes. Il est à présent reconnu qu'ils faisaient partie du mouvement ouvrier et les historiens coupables d'avoir passé sous silence leur participation aux« comités d'action» commune, lors de la révolution de 1905, sont blâmés. Quant aux populistes ou narodniki et à leurs successeurs, les socialistes-révolutionnaires, on peut entrevoir un revirement sensible à la suite de l'étude détaillée de P. S. Tkatchenko, publiée dans Questions d'Histoire (n° 5, 1956), sur les rapports entre bolchéviks et S.-R. L'auteur découvre que les auteurs du Précis et les historiens soviétiques en général ont eu le tort d'insister sur les aspects <<négatifs» du populisme et d'oublier ses mérites, notamment la défense de la cause des paysans : « Le populisme est décrit comme le pire ennemi du marxisme depuis 1870. Mais en réalité il n'y avait pas de marxisme en Russie à cette époque ... » Selon la nouvelle version, les narodniki avaient beaucoup d'estime pour Marx, mais pensaient (à tort) que l'évolution historique de la Russie suivrait une voie particulière, ce qui les amena par la suite à commettre d'autres erreurs dont devaient hériter les socialistes-révolutionnaires. Il s'agit là d'une tentative curieuse de rapprochement avec une tradition nationale qui, à l'encontre du menchévisme . relativement faible, a bénéficié d'un soutien populaire important, surtout chez les paysans. Bien entendu, il n'est pas reconnu en URSS que chez Lénine lui-même, la filiation populiste soit indéniable. Mais le fait que celle-ci ait affecté le mouvement bolchéviste ne saurait être entièrement dissimulé par les héritiers du léninisme. D'où la viC'lence de l'antagonisme qui se poursuit dans les livres d'histoire, mais aussi certaines nuances, puisque le caractère autochtone du mouvement populiste à l'époque pré-marxiste permet aux historiens soviétiques d'établir l'origine nationale de la doctrine officielle. Les historiens staliniens avaient pu couvrir d'injures les narodniki tout en saluant en Tchernychevski, leur idéologue le plus représentatif, un précurseur de Lénine. Actuellement, l'accent est mis sur le rôle positif joué par le mouvement populiste dans son ensemble. • Le Communiste, n,, 6, 1956 (Moscou), le soulign après les Questions d' Histoi're. Biblioteca Gino Bianco • aussi, 119 2. Débuts du bolchévisme Il est de règle dorénavant d'affirmer que l'on a sous-estimé jusqu'ici l'importance du rôle de Lénine, tandis qu'on a. exagéré celui de Staline. En réalité, les dirigeants et les historiens soviétiques ont toujours réservé le premier rang à Lénine et il leur est difficile d'ajouter du nouveau à son sujet. Le « culte de la personnalité» persiste dans l'essentiel, sauf qu'il porte sur une personnalité antérieure. La littérature déjà énorme publiée sur Lérùne et qui va s'accroître était et demeure non-critique et apologétique. Mais l'accent reporté d'un héros sur l'autre a des incidences psychologiques et politiques, car la population tend généralement à associer le souvenir de Lénine aux conditions un peu -moins sévères qui ont précédé l' «âge de fer>) stalinien. D'autre part, tant que le pouvoir entretient la légende d'un Lénine infaillible, il n'y a aucun indice de «libéralisation>> intellectuelle. Par contraste, Staline est remis à sa place sans éminence parmi les «vieux bolchéviks». Ainsi, l' Encyclopédie soviétique décrivait V. V. Vorovski comme un disciple et un partisan fidèle de Lénine et de Staline à partir du Congrès de 1905. La revue Questions d'Histoire ne tolère plus de telles insanités : « Peut-on dire que Vorovski était l'élève de Staline depuis 1905? 11 serait plus exact de dire que Staline fut l'élève de Vorovski >>(n° 5, 1956). Le rôle du jeune Staline dans l'organisation socialiste caucasienne est à présent .dépeint en termes moins extravagants que naguère. En même temps, d'assez nombreux vétérans de la «vieille garde» tombés dans l'oubli sont remis sur leur piédestal. Le même numéro des Questions d'Histoire reproche aux Éditions d'État d'avoir mutilé ou supprimé leurs mémoires et à l' Encyclopédie soviétique de ne pas leur avoir rendu justice, ou encore d'avoir dissimulé le fait que Vychinski avait été un menchévik actif jusqu'en 1920. 11 faut souligner que les réhabilitations ne s'étendent pas aux opposants mêlés aux controverses des années 1920-1930, ni aux victimes des «épurations » de 1930-1938. En gros, la période est présentée dans l'esprit de l' Histoire de Iaroslavski, parue en 1928-1931, autrement dit après la défaite des adversaires de Staline, mais avant leur « liquidation >> physique et morale. 3. L'année 1917 Ici, la principale nouveauté consiste à rappeler que Staline n'était pas infaillible, comme il le reconnaissait d'ailleurs lui-même jusqu'en 1924, avant de se laisser griser par le c< culte de la personnalité ». Bourdjalov, dans Questions d'Histoire (n° 4, 1956), rappelle les erreurs tactiques de Staline en mars et avril 1917, quand il ' pposait avec Kamenev aux «Th es d'avril 11 de Lénine sur la nécessité d'attaquer de front le Gouvernem nt
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