A. G.HORON loin d'être d'origine bédouine et arabique, se rattache par sa formation et son caractère à la Méditerranée et à ses premières sociétés agricoles et citadines. Les Sémites avec les Hellènes sont parmi les fondateurs de la Cité méditerranéenne dont tout dérive dans nos civilisations. Mais il n'y a pas que l'archéologie. 11 y a aussi la linguistique. Les sémitisants et arabisants européens du XIXe siècle avaient construit un système des langues sémitiques fondé sur l'arabe; il ne correspond plus aux faits connus. Les découvertes de linguistique ancienne en Orient et en Afrique, les recherches françaises, allemandes, autrichiennes, italiennes sur les langues vivantes dans l'ensemble de cette zone saharienne, nord-africaine, soudanaise et éthiopienne autrefois impénétrable ont démontré qu'à la notion des langues sémitiques il fallait substituer la notion plus large de langues chamitosémitiques. Le centre de gravité du problème s'est déplacé vers la Méditerranée et vers l'Occident africain, et le tableau linguistique vient confirmer le tableau de l'archéologie et de la préhistoire. En dépit d'apparences trompeuses, les Sémites, avec le Levant méditerranéen, appartiennent à l'Occident, à !'Eurafrique; le Levant n'est pas d'origine bédouine, il n'est pas de nature arabe. Et c'est la linguistique française qui devrait mener la démonstration jusqu'au bout, les Anglo-Saxons n'ayant guère figuré dans la linguistique de l'Afrique septentrionale, sauf en Égypte. L'idée qu'il existe un monde arabe dans le présent comme il a existé une grande civilisation arabe * * Cet adjectif ne s'applique pas aux réalités très complexes qu'il est censé décrire. Le problème de ce pseudoarabisme mériterait une étude spéciale, de même que celui des Berbères en Afrique du Nord, des peuples non arabes du Proche-Orient, et autres questions connexes que l'on ne fait qu'effleurer ici. BibliotecaGinoBianco 95 dans le passé, au Moyen âge, repose à peu près entièrement sur des malentendus, 'développés dans la période balbutiante des sciences de l'homme européennes, c'est-à-dire assez tôt dans le XIX8 siècle. Malentendus qui tenaient à la rareté des renseignements directs, à l'absence presque complète d'exploration archéologique et enfin aux notions artificielles qu'on avait du système des langues sémitiques. Des érudits français - les Caussin de Perceval et les Renan - ont nécessairement erré comme les autres; encore est-il que les Français les plus perspicaces ont reconnu l'erreur dès que les faits nouveaux le permirent - E. Gautier, par exemple, pour l'Afrique du Nord, GaudefroyDemombynes pour !'arabisme en général. Mais entre temps, le mythe arabe ou pan-arabe était devenu dogme officiel en Angleterre, un des dogmes fondamentaux de l'orientalisme anglais et de la politique impériale. Mirage dangereux que l'on peut dissiper, simplement en disant et en répétant la vérité, une vérité qui se trouve être scientifique. Encore doit-on la dire. Aujourd'hui, cela n'est plus à la portée d'individus privés ; il y faut un effort collectif, concerté, soutenu. Pour conclure : la France dispose encore de moyens efficaces autour de cette Méditerranée où elle veut vivre et respirer ; ces moyens, ce sont le pouvoir spirituel, la force de la vérité, les sciences de l'homme et la science du cœur de l'homme. Ils peuvent encore procurer ces victoires culturelles sans lesquelles il n'y a pas de véritable succès ni même de sécurité politique. L'effort mérite d'être tenté : dans l'ordre matériel, il coûterait moins qu'une seule heure de guerre moderne. A. G. HORON •
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