QUELQUES LIVRES Meissner voit à juste titre dans la destruction du mythe de Staline le point central du congrès de 1956. Provoquer un changement des attitudes habituelles à l'égard de l'héritage stalinien était de toute évidence le véritable objet de toute l'affaire. Mais dans son exposé richement documenté Meissner ne montre pas assez clairement que le Congrès n'était que la conclusion d'un développement commencé dès 1953, non pas simplement avec la mort de Staline mais avec la déposition de Béria et de son appareil policier plusieurs mois plus tard. Bien que l'idéologie soviétique souligne que la transition du culte du chef à la direction collective est le plus important changement de la période post-stalinienne, il ne faut pas oublier la réduction simultanée des pouvoirs de la police parmi les autorités suprêmes du Parti et de l'État, . , , . . . . ' ce qui a ete au moins aussi important et qw, a longue échéance, posera probablement de plus grands problèmes. Il en a été peu question au Congrès, mais pour les peuples soviétiques et les nations satellites cela représente le changement le plus important des récentes années. I. BIRNBAUM Agitprop EVRON M. KIRKPATRICK : Target : Communist Propaganda Activities in propagande communiste dans le 1955]. New York, The Macimillan 362 pp. The World. 1955 [ La monde en Co., 1956, Depuis la mort de Staline, la tactique des communistes a subi des variations rapides. Dans leur orbite, elles ont provoqué à des degrés divers la confusion et la consternation ; pour le spécialiste qui suit les événements, la situation créait le problème majeur d'analyser la nouvelle tactique à mesure qu'elle se dessinait, qu'elle était tantôt embellie, tantôt mise au rancart. En décembre 1955 par exemple, Khrouchtchev annonça au Soviet suprême que son parti ne voyait' aucune nécessité de dissoudre le Kominform (Bureau d'information des partis communistes); mais au printemps suivant, le Kominform était brusquement supprimé pour favoriser l'effort soviétique de rapprochement avec Tito et la formation d'un nouveau « front commun » avec les partis socialistes. La tâche de retracer la tactique de propagande communiste en 1955 a été entreprise avec compétence par M. Evron Kirkpatrick, directeur de l'Association américaine des Sciences politiques. Il a pu profiter des travaux de nombreux autres spécialistes des questions de propagande. L'ampleur de son ouvrage, sa composition et son exécution attestent une connaissance approfondie des matériaux complexes utilisés. Autant qu'aux spécialistes, le livre s'adresse aux cadres syndicaux et aux animateurs de cercles d'études. · • Biblioteca Gino Bianco 67 Le livre de M. Kirkpatrick offre une courte histoire du communisme mondial, de sa stratégie et de sa tactique ~si que du rôle imparti à la propagande comme support ou substitut de l'action_. La section consacrée à un « tableau d'organisation» des activités de propagande communistes est excellente. A l'aide de listes et de graphiques, le lecteur se familiarise avec le complexe appareil soviétique de propagande, allant de la Section d'agitation et de propagande (Agitprop) du P. C. de l'U. R. S. S. à des unités telles que les bureaux d' « échanges culturels », les nombreux groupes internationaux « de façade » (camouflés, satellites) et autres voies et circuits de propagande. L'année 1955 a été caractérisée par l'élaboration d'une nouvelle tactique pour atteindre de vieux buts ; comme dit l'auteur, les instruments à la disposition des nations gouvernées par les communistes « furent coordonnés dans un effort intense pour convaincre le monde que la panthère communiste avait changé de pelage. » La conférence diplomatique de Genève et la visite des dirigeants soviétiques en Inde et en Birmanie sont les étapes marquantes de cette campagne. La caractéristique dominante de la propagande pendant l'année fut la souplesse. La rigidité de la période stalinienne étant en grande partie abandonnée, les Soviétiques cherchèrent à montrer au monde autant de faces que leur guerre psychologique a d'objectifs. Une partie très utile du volume est le répertoire des publications communistes avec leur périodicité, leurs caractéristiques rédactionnelles et leur tirage. Un chapitre à part traite de la production cinématographique dans l'Union soviétique, la Chine communiste, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie, l'Allemagne de l'Est, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, l'Albanie et la Corée du Nord. D'autres chapitres étudient des aspects de la propagande tels que les visites de délégations variées dans les pays non communistes, la participation communiste aux foires commerciales, l'organisation de conférences par des associations « crypto » et les appels à des groupes particuliers de la population. La conclusion analyse les tactiques changeantes employées dans différentes aires géographiques : Extrême-Orient, Asie du Sud et Afrique, Europe occidentale et Amérique latine. Le talent et la diligence de M. Kirkpatrick ont produit un ouvrage qui mérite de rester pendant plusieurs années une référence constante pour les spécialistes. Bien que limité aux activités communistes de 1955, il contient assez de données générales de grande portée pour avoir bien plus qu'un intérêt de simple actualité. En outre, fournissant une sorte d'instantané panoramique de la tactique communiste au moment d'une transition, le livre donne à l'observateur intéressé une excellente base de comparaison avec les changements ultérieurs. Déjà le contraste entre les déclarations communistes et les paroles ou les actes de chaque jour est frappant comme illustration d'opportunisme, de ruse et de confusion. MARTIN EBON
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