Pages oubliées LE PREMIER PEUPLE DU MONDE par Michel Chevalier Les pages qui suivent sont extraites du recueil des Lettres sur l'Amérique du Nord, du saint-simonien Michel Chevalier, publiées d'abord dans le Journal des Débats de 1833 à 1835, puis en deux volumes en 1836. Fameuses_ à leur époque, elles ne sont guère connues aujourd'hui que d'érudits ou de spécialistes, mais leur intérêt demeure très actuel, à plus d'un siècle de distance. Elles méritent d'être lues et méditées par les temps qui courent. Philadelphie, 24 avril 1854. Quel e•st le preimi,er -p,eu-pledu m,on-de ? Il n'y a pas -d,enation qui ne prétend,e à la iprri1nauté. Qui de no,u,s,en F.r,ance, •n'a p.as chan,té ave,c BéDang,er : « Rei·ne du m,on,d,e, ô Franoe, ô ma patrie ! » convainc·u que l·e peupl,e français était prëd'.œtiné .à être étern.ellernent à la têt,e ,d,ug.enre h,u,main, à effacer tou,s les autres da.ns la paix et •d.ansl,a g,uerre ? Po-ur m,on co,mpte, ,ava,nt d'.avoir passé la fr,ontière, je ,cr,o,ya1sprofon1d,éim,e'.dn't1, u-ne croyance religie.use, q·ue nous .étions p.a,r ,exc,ellcn·oe, non seuJlement l,e peupl,e gén.éreux et ch,evaleres.q:ue,le :p,euple,sipiritu,elet ,artis~,e,J,e pe,uple aux q,u.alitès aimables ,et brilliantes, mais en.e,ore l,e p-eu,p1ls,eavan,t, le peupl1e.ind1 u,s,triel, le pe-up1le aid.ministrateur, ,l,e peup,le à la fois inventeur et praticien, le peuple type, le peupl,e ,u,niq,ue, le peu·ple,parfait. Mal1gréles pluies et l,es brouil,La,rd 1s d,e Pari,s, j.e s·u,pip,osai.·sn,otre ,cli,mat le plus do,ux et le pJu,s riant de la terre. Ma-Lgr.lées La1n,de.est la Cham·pagne, je ten.ai,s p,our .c,ertai,nq-ue notre .sol était le pluis ri,ch,e .et le .pl,us p.ittores.q,ued,e l'univers. Sur lia foi d,es b·u~let,insd,e n-os exp10sitio.ns de l'in1d·u,sttrie,j'au·r,ais j,uré q,ue nous avi.on,slaissé n,os voisins les Angl.ai,sà cent li,eues en ar.rière, et q,ue Jeur,s ma,n·uafct1 uriens, po-u,r évit,er d'être r.éd,uits à la m,en,dicité par no,tre Biblioteca Gino Bianco I oon-currence, al-Lai,ent être ohlig,és d,e venir ~n toute hâte appl'en1dre chez ,n.ous oon1ment le fer se c.ou1le -et ,s'affine, oomm,ent ,se fond l'acier, ûomment le coton s,e file, oomment o-n administre à peu d,e .frais des éta,blissem,ents gigan,tesq·ue,s, co1n1menton .ex,p 1 édi,e au-d-elià,d,e1smens 1d,e.smontagn,es ,d,emarcih,andises. Quand o.n a passé .la f,r,o!ntière,peu à p•eu .l'on rabat d,e oes préte11tion,s m.a•gnifiqu,e,s; le patriotisme s' épu,r~, s' éCJlair,e et .se renforce e,n ~ m1 êm,e tenTpis.En visitant la terre étr,an.gère, o-n voit ce qui m,a;nque .à la ,p,ro,spéritéet à, la gloir,e d,e la p,atrie, .et ,con1n1entil -senait p-o;ssib1l,ed'ajo,uter quel.ques fl,eu1ro·n·s à s,a cou,ronn,e.Ain,si, il ne fa:ut 1pas beauc-o,u·pobserver l'An,gileterr•epour se convain.cre que, si ,el1J.ae -beauco,up à ,n,0 1 u,s en1prunter, ,n,0 1 us n'av,o-ns pas moin.s a reoovoir d'elle. Les Anglais ne ,sont pa,s ,se,ulem-entm-eil1,eur.sin·dustriels q•u,enous, plus habiles co,mmerçants ; ,ils p,ossèdent de p1lu•s q1ue nous oes q,u1alités ,q1uifont qu'a·prè.s :avoir ,oo,nçu,de beaux plan,s, on les ex,éoute, on les mè-ne â fi1 n. Le1s An,glais ont ,dans leu,r ,natu1rec-ette ,saga-citépratiqu,e et oette inflexi,ble pe,r.sévérian,ce,e,n vertu d,e q·uoi -nos batailles ·de géants de .la RévoLutio·n et d,e l'E.m1 pire, notre ,déborde1ment1d',e,ntho-usi.asn1e et de ·d,év.oueme 1 nt, nos in,com,pa11a;bl,es victoires, .n,os triomp,hes in101uï.os,nt a1 bouti a,ux traités ,d,e Vien·n,e, c'est-à-d,ire à •n,otre hiumiliati,on, et à l'intno-nisati,o•nIde il.a Gran,de-Bretag.n,e a1 u ,sommet ,de La ,pyramide •eu,rorpée,nneL. es Anglais ont ,moins ,d,e -s,avoir--1di,rqeue nous, m-ais ils ont p1l,u1ds,e ,sav,oir..,f,aire.C',est ains,i qu'i1 l.s ont trouvé l1e moy,en d'.a,ugm,enter ,leurs ,oo,lonies t1a,n,dis •qu-etou,s ,les ,peuples p,erdaient le,s leu,r;s. Ce q•ui 1 leur échap·p,e à l'O.cci,dent, ils le retrouvaient ,du ,côté de l'Ori,e.nt, au ,d,éouple. Ils possèdent .c•esen.s p,ol 1i.tiq1 ue, gràce auq,uel dep:uis tl'ois ,an.s il,s ont résolu ,des question1s q,u'i,l semb,lait qu'on n,e -po-u,rriaiat giter ,sa.ns éb,ranlcr les
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