58 Ces normes sont parfois critiquées dans la presse soviétique comme périmées et parce qu'elles ne tiennent pas compte de l'énorme paperasserie également imposée au médecin. Par exemple : Que de fois n'arrive-t-il pas que les praticiens qui font de la médecine générale oublient tout simplement le rôle joué dans la maladie par les facteurs psychologiques ... Mais comment pouvons-nous trouver du LE CONTRAT SOCIAL temps pour ces considérations quand un médecin doit voir au moins six malades à l'heure? 20 Cependant, en dépit de certaines protestations, rien n'a apparemment été fait pour réviser les normes de temps. Une étude faite en 1953 sur le travail de deux médecins faisant de la médecine générale (voir le tableau ci-dessous) est intéressante à cet égard. 21 ANALYSE DU TEMPS DE TRAVAIL DE DEUX MÉDECINS SOVIÉTIQUES Ville de Zaporojié, Ukraine, 1953 Minutes Nom du médecin Travail , passees Pourcentage du total N° moyen de minutes par malade Dr Maria Stepanovna Interrogatoire et examen des Passetchik malades .................. . 33 9 18 5 I 1,9 (22 malades) Prise de la tension artérielle ... . ' , Lecture et rédaction des histoires de cas ................... . 56 82 31 46 2,6 Travail administratif ......... . 3,7 TOTAL . ................. . 180 100 % 8.2 minutes Dr Maria Kouzminichna Interrogatoire et examen des Sorokova malades, prise de la tension .. 45 22 1,7 (26 malades) Lecture et rédaction des histoires de cas • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 70 33 2,7 Travail administratif .......... 95 45 3,7 TOTAL . .................. 210 100 % 8,1 minutes On notera que près de la moitié de la moyenne de 8,15 minutes consacrées par ces médecins à chaque malade était employée à remplir des papiers, compte non tenu de la lecture et de la rédaction de l'histoire de cas. Le fait est que la seule façon dont un médecin soviétique peut tourner les règles bureaucratiques pour imposer sa propre échelle de valeurs médicales est de jongler avec le temps qui lui est alloué en renvoyant un malade au bout de quelques secondes pour donner à un autre plus que sa part officiellement sanctionnée. Dans ces conditions, le médecin lutte constamment contre la montre et estime certainement que son examen est dans bien des cas superficiel. Le médecin et la discipline du travail L'État compte beaucoup sur le médecin pour le maintien de la discipline du travail et pour l'exécution des plans de production. On le presse constamment d'adopter et de garder une « attitude responsable » en appréciant les demandes de congés de maladie. Selon le point de vue officiel : ... Pour être un vrai léniniste, montrer l'esprit du Parti dans tous ses actes et activités, le médecin doit BibliotecaGino Bianco lier avant tout les intérêts de son métier aux intérêts de son peuple, au sort de son pays... Il est un patriote entl1ousiaste de sa Patrie soviétique dont il méprise les ennemis... Il doit être capable de délimiter la frontière entre la santé et la maladie... Le médecin soviétique doit séparer de la masse totale des sujets sains les quelques vrais malades qui ont besoin de soins médicaux ou d'un changement de travail. .. 22 Un bref aperçu du mécanisme des congés de maladie montrera exactement comment le rôle du médecin est intégré dans le système de surveillance de la main-d'œuvre. L'ouvrier reconnu malade a droit au versement partiel de son salaire, l'association étant calculée au prorata de son ancienneté dans l'emploi. L'organisation syndicale de l'entreprise administre le versement de ces allocations, mais seulement après présentation par l'ouvrier d'un certificat officiel, délivré et signé par le médecin d'usine ou de dispensaire, agissant 20. Dr. Siletskaïa, « Un important élément de la thérapeutique », Meditskinski Rabotnik, 17 janvier 1952, p. 3. 21. « Heures et minutes du médecin», Literatournaïa Gazeta, 7 mai 1955, p. 1. 22~ S. Tikhodeïev, « Esquisse idéologique du médecin soviétique», Meditsinski Rabotnik, 19 juin 1947.
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