Le Contrat Social - anno I - n. 1 - marzo 1957

L. LABEDZ la « justesse politique » de conclusions d'ordre scientifique, d'imposer aux savants telle ou telle orientation dans leurs recherches, de décréter des vérités obligatoires qu'il n'est pas permis de discuter». Répondant à Kulaczkowski dans un article intitulé « La place de l'intellectuel communiste est dans le cadre du Parti» et publié dans le même numéro de Nowe Drogi, R. Werfel se servait des arguments orthodoxes sur l'idéologie « de classe » et accusait son adversaire « d'opposer les centres intellectuels communistes au Parti de la classe ouvrière... Si les milieux intellectuels communistes veulent rester communistes, ils doivent préconiser non la liberté de recherche vis-à-vis du Parti, mais plutôt la liberté de recherche au sein du Parti léniniste ... Qu'adviendra-t-il du Parti le jour où un communiste dirait telle ·chose aux masses, et un autre, telle autre chose? Nous aurions alors deux ou plusieurs partis, au lieu d'un seul agissant en qualité d'avant-garde de la classe ouvrière ... Nier [la nécessité] d'une telle unité d'action (et la propagande constitue une forme de l'action) signifie la fin du Parti». Telle fut, dans ses grandes lignes, la teneur du débat à la veille de la huitième session plénière du Comité central du Parti polonais et du retour de Gomulka au pouvoir. D'un côté, tout se ramenait à la question du pouvoir, de l'autre, on rappelait simplement « qu'après ~ tant d'années sous le régime le plus démocratique possible, il a fallu inventer un terme nouveau, celui de démocratisation ». 22 22. Y. Kott, op, cit. BibliotecaGino Bianco 51 Peu après la victoire de Gomulka, le Comité central du Parti polonais s'adressait avec tristesse aux « frères hongrois » en déclarant : « Nous avions entrepris, vous et nous, de lutter pour la démocratisation socialiste de nos pays, pour l'égalité et la souveraineté dans les rapports entre pays socialistes. » 23 Lorsque les tanks soviétiques, en écrasant Budapest, eurent réinterprété cette doctrine, Gomulka se proclama « réaliste ». En l'occurrence, il n'y aurait pas lieu de s'étonner si les « révisionnistes» du Parti polonais, provisoirement victorieux, tentaient de mettre fin - tout en continuant de chasser des postes-clefs les staliniens invétérés - au « révisionnisme» populaire. Mais en ont-ils le moyen? Le problème dépasse désormais le cadre étroit de la do-ctrine du Parti. La Pologne, puis la Hongrie, ont donné un exemple de la manière dont peuvent s'enchaîner les événements en régime totalitaire : effervescence des milieux littéraires, puis agitation des étudiants et de l'intelligentsia, enfin union des « intellectuels » avec les ouvriers, dans un sursaut national contre la domination étrangère et l'oppression intérieure. Le mouvement doit son dynamisme interne à la jeunesse : étudiants de l'École technique supérieure de Varsovie, jeunes ouvriers des usines Zheran et Zispo, etc. Mais si cette jeunesse peut se faire entendre, si elle réussit à peser sur les événements, c'est à la faveur des dissensions dans le Parti, reflétées entre autres dans la crise doctrinale. (Traduit de l'anglais) L. LABEDZ 23. Trybuna Ludu 29 octobre 1956. •

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