Le Contrat Social - anno I - n. 1 - marzo 1957

LE PROBLÈME DE LA '' DÉBOLCHÉVISATION J, par D. Anine 1. Le discours de Khrouchtchev prononcé en séance secrète au XXe congrès du Parti communiste de l'U. R. S. S. et la « Résolution du Comité central sur l'élimination du culte de la personnalité et de ses conséquences» (30 juin) se complètent. Dans le premier document, le secrétaire du Parti relate ce qui ~'est passé au cours d'une période de. l'histoire soviétique récemment terminée ; dans le second, l'organe suprême du Parti tente d'expliquer pourquoi cela s'est passé ainsi. Le premier document est narratif, descriptif, bourré de faits ; le second est une tentative de donner aux faits une explication et une justification historicopolitiques. Il importe peu, en l'espèce, que les faits aient été plus ou moins connus, même avant le discours de Khrouchtchev ; peu importe aussi que la conception historico-politique du Comité central ne brille pas par l'originalité. La signification et la valeur de ces textes consiste en ceci (mais pas seulement, il est vrai) que les faits connus sont cette fois officiellement confirmés par le pouvoir qui, pendant de longues années, les avait soigneusement cachés et obstinément niés. De même, ce qui importe surtout dans la « Résolution » est qu'une conception formulée si systématiquement soit rendue publique par le pouvoir lui-même. En d'autres termes, l'important n'est pas tant ce qui est dit que par qui cela est dit. Le caractère incomplet des faits dans le discours de Khrouchtchev, faits choisis par lui dans le sens voulu, a été déjà souligné plus d'une fois dans la pr~sse. Ce .discours, comme on sait, n'a pas satisfait non plus les dirigeants des partis commqnistes occidentaux. Certes, presque personne parmi eux n'a contesté l'exactitude des faits, ni· n'a souligné ce qu'ils ont d'incomplet. Ce qui n'a pas satisfait les communistes étrangers, c'était . Biblioteca Gino Bianco· surtout l'absence d'explication, d' « analyse marxiste » des causes de la perversion des « principes communistes » et de la « légalité communiste » qui eut lieu pendant les vingt dernières années de Staline. Le désarroi presque unanime des partis communistes occidentaux (on sait que la presse occidentale soupçonna même, dans cette unanimité, l'orchestration de Moscou) donna naissance à la « Résolution » qui, offrant « l'analyse marxiste» réclamée, suscita une satisfaction et un apaisement tout aussi unanimes chez les pseudo-rebelles. Le document approuvé par eux « pleinement et intégralement» aurait dû, étant donné le caractère contestable de ses thèses, donner lieu au moins à un nouvel échange de vues. On ne peut cependant nier que malgré toutes les demi-vérités qui émaillent la « Résolution », elle ne manque pas d'une certaine logique, en son genre, et de force de persuasion, avec des caractéristiques lui permettant d'être prise, dans les milieux auxquels elle est destinée, pour une « analyse marxiste». Si l'on fait abstraction des passages de la « Résolution » sans rapport avec notre thème, l'interprétation bolchéviste de l'origine de l'absolutisme stalinien peut se réduire aux idées fondamentales suivantes : la révolution communiste, triomphante en Russie mais n'ayant pas la possibilité d'avancer vers l'Ouest, devint une « forteresse assiégée» au milieu de « l'encerclement capitaliste ». Cela mit le Parti en état de « vigilance et de mobilisation constantes ». Se trouvant politiquement isolé, « le pays dut ... dans le laps de temps historique le plus bref et sans aucune aide extérieure, liquider son retard séculaire». « Cette conjoncture », à son tour, exigeait que le Parti imposât une « discipline de fer» et instaurât la cc centralisation la plus rigoureuse du pouvoir». « Au cours d'une lutte acharnée contre le monde impérialiste tout entier, notre pays fut obligé d'accepter certaines restrictions de la démocratie ...

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